AH LES COMMUNAUTÉS D’EXPATS…

S’il est un sujet dont l’on parle peu, mais qui fait partie du quotidien de la femme d’expatrié, c’est bien celui des communautés d’expats. Ces communautés françaises jouent un vrai rôle de relais socialisant au sein des pays d’accueil, mais elles ne peuvent à elles seules garantir l’adaptation des individus à la vie à l’étranger. Il est intéressant d’examiner leur importance, mais aussi de mieux cerner le type de relation qu’on y développe.

LA FEMME D’EXPATRIÉ ET L’AIDE DE LA COMMUNAUTÉ

L’expatriation amène les conjointes d’expatriés à vive une expérience éprouvante, car elles deviennent les véritables piliers de l’installation matérielle du foyer. Cette situation expose la femme d’expatrié à se retrouver face à un environnement inconnu, voir hostile sur certaines destinations. Car les conjoints, happés par leurs multiples obligations, n’assurent plus leur rôle de soutien et l’entourage familial est bien loin.

On comprend mieux, dans ce contexte, l’importance du soutien des communautés d’expatriés sur place, pour une femme d’expat. Ce soutien est double. La communauté expat est d’abord sécurisante sur le plan matériel, car elle aide à trouver des solutions aux multiples aspects de la vie quotidienne (démarches administratives, scolarité des enfants) avant d’apporter un soutien émotionnel. Elle peut, de fait, assurer un relais  socialisant pour des femmes dont le principal écueil est la solitude. Elle permet ainsi de se refaire de nouveaux amis et d’avoir de nouvelles habitudes de rencontres : l’un des grands enjeux d’une mobilité internationale réussie. Le bénévolat, au sein des associations d’expats  permet aussi de retrouver un sentiment d’utilité sociale à  celles qui ont dû consentir au sacrifice de leur vie professionnelle.

La communauté d’expatriés français, exercerait-elle alors l’attrait d’un cocon protecteur, pour une femme d’expatrié? Non, pas de manière uniforme, cela dépendant de la personnalité de chacune et du  type d’adaptation qu’elle choisit de privilégier.
Celles qui souhaitent vivre leur expatriation « entre Français » existent, mais ce sont celles qui principalement, se savent de passage et dont les époux, sous contrat local de trois ans, sont appelés à repartir. Coupée de ses racines, mais non destinée à se réimplanter quelque part, la femme d’expatrié préfère alors vivre à l’étranger en vase clos. Ce repli, pas toujours interprété comme bénéfique, lui sert néanmoins à se protéger des turbulences de son parcours. Car de déménagement en déménagement, il aura tendance à mettre à rude épreuve ses ressources intérieures.

DES RELATIONS TRÈS PROTOCOLAIRES

Au sein de certaines communautés d’expats pourtant, le malaise est palpable pour certaines. Pour elles, la communauté ne joue pas le rôle de matrice socialisante qu’elles attendent. En dépit d’efforts certains, elles ne parviennent pas à s’y sentir à l’aise, et se sentent alors doublement étrangères à leur environnement.

Les raisons du rejet invoquées par une femme d’expatrié au sujet des communautés d’expats tiennent au conformisme imposé dans ces groupes, ainsi qu’au mode de vie très protocolaire qui en découle.
La vie des communautés d’expats s’articule autour de temps forts comme le café de rentrée, la galette des rois, le gala de fin d’année… Ces événements se prolongent par des habitudes de rencontres chez les uns et chez les autres, de manière assez codifiée. La réussite matérielle et l’étalage du niveau de vie sont souvent au premier plan, notamment sur les destinations de réussite comme Singapour ou les États-Unis. Un consensus de valeurs qu’il faut bien sûr partager pour s’y sentir bien, mais qui ne correspond pas forcément aux aspirations de toute femme expatriée.

Au final, la participation aux sociabilités de ces communautés constitue autant de petits rituels destinés à marquer son appartenance. Un certain conformisme s’affiche et on voit l’emprise du collectif à la manière dont les absents sont considérés. Car c’est bien là l’un des grands défauts des communautés d’expats : celui de former des petites familles tendant à protéger leurs membres par l’uniformité. Loin de la terre mère, à l’instar de toutes communautés immigrées, ces communautés françaises de l’étranger tournent sur elles-mêmes, un peu en marge des sociétés qui les accueillent.

Il est à noter aussi que plus le séjour dans le pays d’expatriation sera prolongé, moins une femme d’expatrié aura tendance à entretenir de liens avec la communauté de son pays d’origine. Son attitude sera en général, soit celle du repli sur la sphère familiale, soit celle d’une ouverture vers la population locale.

Les communautés des Français de l’étranger conservent un rôle indispensable pour favoriser l’accueil et l’installation de tout nouvel expatrié. Mais, contrairement à ce qu’ils peuvent projeter au départ, elles ne seront pas toujours porteuses des relations sociales que l’on espère. Leur aide, sur le plan de la socialisation, est à nuancer, notamment pour les femmes expatriés qui n’adhérent pas automatiquement au mode de vie que ces communautés tendent à promouvoir au bout du monde. Une occasion de rappeler qu’un départ à l’étranger est une aventure qui se prépare, car elle ne réserve pas toujours que de bonnes surprises…