LE CHOC CULTUREL DU CÔTÉ DES FEMMES

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Les femmes d’expatriés, tout comme leur conjoint, traversent différentes phases, qui les mènent de l’émerveillement à l’arrivée, à une déprime plus ou moins grave ensuite, qui prend le visage du choc culturel. Pour les femmes privées d’occupations professionnelles et confrontées à l’intendance de leur foyer, l’adaptation revêt des facettes compliquées qui exposent à la peur, au doute et parfois au rejet.

LE CHOC CULTUREL AU QUOTIDIEN

Des concessions, beaucoup de concessions : c’est un peu ce qui caractérise la vie de la femme d’expat en terre étrangère. Il n’est pas étonnant que chez certaines, le choc culturel atteigne parfois des paroxysmes, avec une somatisation du malaise se traduisant par la sensation d’étouffer. Pour s’adapter, les femmes expatriées renoncent de fait, à beaucoup d’habitudes, mais collectionnent les pressions et les contraintes.
Elles vivent un quotidien fait de patience, qu’elles doivent déployer pour affronter une langue et une société auquel rien ne les prépare. Celles qui, en plus, souhaitent sortir de leur zone de confort et aller vers les populations locales pour comprendre et se faire comprendre, doivent passer par des étapes déroutantes. C’est souvent à grands coups d’efforts et de gesticulations qu’elles acquièrent les rudiments d’une communication au départ. Cette communication va de pair avec la compréhension de la perception que les autres ont d’elles et de l’apprivoisement des codes locaux. L’adaptation se fait donc lentement, très lentement, car elle ne s’effectue pas seulement au niveau du langage, mais aussi au niveau de la culture et des cadres de pensées.

Les effets du choc culturel se ressentent par de fréquents moments de déprime et de passages à vide. À la longue, l’environnement n’est plus attirant, mais hostile, car les mirages de l’arrivée s’effacent devant les difficultés concrètes de l’acculturation au coup par coup.

PAR RAPPORT AUX HOMMES

Contrairement aux hommes qui bénéficient d’un minimum d’entourage dans le monde professionnel, les femmes, elles, n’ont au départ comme ressource principale que leur instinct et leur compréhension empirique du « terrain ». Des ressources plus limitées, donc, et qui se conjuguent avec l’absence de l’autre et l’isolement. La remise en cause continuelle de leurs cadres familiers s’effectue donc sans grande contrepartie, si ce n’est celle de la belle maison et de l’école privée pour les enfants.

LA PERTE D’UN STATUT

Il y a un autre facteur qui amplifie fortement les effets d’un choc culturel pour les femmes : l’expatriation équivaut pour elles à une perte de statut. Elles subissent cette perte non seulement sur le plan professionnel, mais aussi au niveau social, en découvrant que les libertés et la considération octroyées aux femmes dans leur pays d’origine, sont loin d’être universelles.
C’est au travers de certaines expériences, que les femmes vont percevoir la différence, constatant avec dépit, qu’elles doivent remettre certaines prérogatives ou certaines discussions dans les mains de leur conjoint, dans des pays où traditionnellement, la parole ne leur est pas donnée. Les femmes qui ont été habituées à être respectées (notamment sur le plan professionnel si elles commandaient auparavant à des hommes) vivent très mal ces expériences. Elles les dévaluent gravement sur le plan personnel et sont un facteur aggravant pour elles du choc culturel.

Que dire des cultures qui donnent à la femme une place très subalterne dans la société, notamment lorsqu’elles restent codifiées par la religion ? Elles peuvent être sources d’un choc culturel violent, au cas où les femmes ne mesurent pas bien l’ampleur du problème en partant. Ce type de contexte va les questionner sur leurs valeurs et la nécessité pour elles de ne pas y renoncer. Le problème est de taille, quand l’on sait que les valeurs sont fondatrices de l’individu. Difficile, en effet, pour une femme européenne d’accepter des interdits et des diktats quand elle a grandi dans une société où des acquis féministes, acquis de haute lutte, sont revendiqués comme fondateurs. Les femmes élaborent alors des stratégies d’adaptation qui leur permettent de survivre dans ces environnements hostiles. Il s’agit de se plier à l’étiquette, tout en tentant de préserver son identité culturelle.
Pour celles qui décryptent mal la société d’accueil et la perçoivent comme menaçante, le repli sur la communauté est la seule solution. Il s’agit de se recréer un espace de vie, où la liberté du pays d’origine revit : c’est la vie en « compound », ces quartiers exclusivement réservés aux occidentaux, dont l’on ne sort jamais. La solution est le plus souvent provisoire, car elle maintient dans une forme de vie en apnée, quand l’air du pays d’accueil semble irrespirable.

Les femmes qui disposent d’un bagage culturel important seront plus aptes à relativiser la pression que ces sociétés d’accueil tentent de leur imposer. La peur de l’extérieur fait place chez elles à une meilleure adaptabilité, mais où l’on lutte pour conserver son indépendance et son identité au milieu des diktats. En se couvrant la tête d’un chapeau, plutôt que d’un voile par exemple, comme pour montrer que le respect de certaines convenances ne s’accompagne pas d’une soumission complète.

La réussite d’un projet d’expatriation pour les femmes passe souvent par leur capacité à surmonter de nombreux renoncements. C’est là que l’on voit que le partage des expériences avec le conjoint, et le soutient qui en découle, sont importants. Car par le travail, lui a un pied mieux ancré dans la société d’accueil. Ce soutien ne leur est cependant pas toujours assuré, raison pour laquelle les accompagnements, notamment sur Skype avec un thérapeute distant francophone, existent pour les aider à garder le bon cap et gérer les tensions.

Pascal Couderc, psychologue pour expatriés francophone, écoute et soutient les femmes sur Skype et en visioconsultation, lorsqu’elles se heurtent brutalement à des problématiques d’acculturation

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