CES LIENS QUI TIENNENT ET QUI RETIENNENT

L’expatriation est pour celui qui part une source de découverte et d’opportunités. Mais partir vivre loin de sa famille n’est pas toujours simple, tant il peut être difficile pour ceux qui restent de “laisser partir“…  Les enjeux, en effet, dépassent le simple dilemme de l’éloignement. Les liens du sang peuvent être des liens qui, entravent les choix personnels, réduisant les perspectives et sont responsable de dépression en expatriation.

ANNONCER SON EXPATRIATION À SA FAMILLE

La nouvelle d’un départ en expatriation n’est pas toujours bien accueillie au sein des familles. Bien souvent, ce sont les parents des futurs expatriés qui font de la résistance et cela va se manifester par une grande incompréhension. Craignant de perdre leur progéniture sous des cieux hostiles, leur principale réaction se résume en une phrase : « Mais qu’est-ce que vous allez faire enfin, là-bas ? « 

On y décèle un mélange d’incompréhension et de peurs qui se traduisent par un refus du changement. Plusieurs facteurs l’expliquent.

L’éloignement est le premier. Il pose problème surtout lorsque les parents commencent à vieillir et que l’on s’apprête à mettre une distance de plusieurs milliers de kilomètres avec eux. Plus grave, le sentiment d’abandon est souvent présent. Il s’accompagne de la déception pour les parents, de ne plus jouer de rôle dans la vie de leurs enfants et du renoncement au lien intergénérationnel avec leurs petits-enfants. Avec une expatriation, c’est un chapitre de l’histoire familial qui s’achève, celui qu’ils ont bâti. L’histoire continuera sans eux, et ailleurs, ce que certains acceptent très mal.
Sous le couvert de reproches et de mises en garde, il ne faut pas s’y tromper, c’est d’angoisse de séparation qu’il s’agit. La famille, noyau protecteur où s’édifie la personnalité des enfants, joue alors les rétentrices et être source de dépression en expatriation.
Il est difficile, en effet, d’aller vivre loin de sa famille si la culpabilité vient peser sur l’entreprise. Ce sont les épouses qui  « suivent » leur conjoint qui en sont curieusement les premières victimes. Cela s’explique par le fait qu’elles renoncent souvent avec ce départ, à des ambitions professionnelles auxquelles la famille a participé, notamment en finançant leurs études. La déception de l’annonce d’un départ peut être telle qu’elle en arrive à faire naître la méfiance envers le conjoint. Certaines familles peuvent aller jusqu’à le dénigrer, estimant que leur fille est en train « de se faire avoir ». D’autres vont maintenir une pression constante sur leur enfant pour qu’elle retrouve impérativement un travail dans le pays d’accueil… Pourtant, cela n’est pas la protéger que d’agir de la sorte. Si plus tard, elle est en proie à une dépression en expatriation, comme de nombreuses femmes d’expat, elle aura tendance à le taire par fierté et à s’enfoncer dans l’isolement. Elle ne voudra pas, en effet, avouer sa faiblesse aux sirènes qui lui ont prédit son malheur !

 

 FAMILLE ET DÉPRESSION EN EXPATRIATION

 

Les tiraillements et diverses pressions que subit un expatrié dans sa propre famille sont extrêmement néfastes sur le plan psychologique. C’est une chose dont l’on parle peu à l’occasion d’une expatriation, mais la culpabilité fait partie des souffrances les plus importantes qu’elle génère. Culpabilité de ne plus être présent, d’éloigner les enfants, de pas être là en cas de deuil ou de maladie…. Mal assumée, cette culpabilité peut virer au sabotage personnel, et faire capoter tous les espoirs que l’on avait placés dans une expatriation. On se doute que la dépression en expatriation est incompatible avec la réussite de l’entreprise. Les problématiques d’attachement tiennent et retiennent l’expatrié dans sa progression, jusqu’à parfois le faire revenir…

 

On touche là à l’une des raisons inconscientes qui peuvent motiver un départ à l’étranger : fuir ses conditionnements et ses limites, dont certaines ont été inculquées par l’éducation. Mais la question est : en est-on toujours capable ? Certains expats témoignent que l’expatriation a provoqué en eux les changements qu’ils désiraient, en leur permettant de dépasser psychologiquement certaines barrières. Il est vrai que les défis du choc culturel impliquent des prises de risques qui sont autant de déclencheurs de transformation personnelle. Mais l’expatriation a ses limites.
De fait, pour réussir et vivre loin de sa famille, l’expatrié doit être suffisamment mature sur le plan affectif et ne pas rester trop tributaire de certains liens. S’il réactive constamment des liens avec des parents toxiques au pays, il court le risque de connaître des conflits qui vont générer chez lui un mal-être cause de dépression en expatriation. Car une vie d’expat repose sur un équilibre fragile. Elle est faite d’ajustements permanents à l’environnement. Raison pour laquelle, la culpabilité n’a pas sa place lorsqu’il s’agit d’affronter un choc culturel.

Vivre loin de sa famille implique de commencer à écrire sa propre histoire. Il n’est plus possible, dès lors, de s’encombrer des problématiques d’un passé familial. Néanmoins, celles-ci continuent de peser sur ceux que l’on laisse au pays et qui voudraient bien que l’on s’y attelle de nouveau ! Cela se comprend dans le sens qu’ils ne souhaitent pas, inconsciemment, en subir seuls le joug. Le terme de « devoir familial » sera d’ailleurs évoqué pour demander un retour. On peut donc voir dans le refus de l‘expatriation des enfants, le refus de les voir s’affranchir de poids hérités du passé. Certains expatriés ressentent, à tort ou à raison, cette pression comme une forme de jalousie. Ce sentiment pénible occasionne parfois une prise de conscience de l’expatrié des rapports qui le lient au siens pour comprendre la lourdeur des déterminismes qu’ils subissent.

 

Les réactions « égoïstes » d’une famille lors d’une expatriation ne sont pas rares. Elles sont en général totalement inconscientes et n’ont pas pour but de causer du tort à l’expatrié et à sa famille. Mieux vaut régler ce type de problème avant de partir pour ne pas supporter, une fois sur place, la pression toujours latente de ses proches. Si le dialogue est bloqué, il peut être utile de discuter avec un thérapeute spécialiste de l’expatriation pour placer son départ sous de meilleurs auspices !