GARDER LA BONNE DISTANCE AVEC SES PROCHES EN EXPATRIATION

C’est l’une des causes à l’origine du blues de l’expatrié : l’éloignement du noyau familial originel, celui que l’on laisse dans son pays d’origine, qui crée une tension avec un certain vide au départ, qu’il va devoir combler. Maintenir le lien pour éviter les sentiments de solitude et de dépression est une nécessité, mais l’expat fluctue souvent entre le besoin de s’affranchir en partant, et le besoin de rapprochements épisodiques. Voyons comment gérer au mieux cette relation pas si simple.

BLUES DE L’EXPATRIÉ ET LIENS FAMILIAUX

Loin des yeux, loin du cœur… Rassurons-nous, telle n’est pas l’expérience de la plupart des expatriés vis-à-vis de leurs proches restés au pays. La nécessité d’entretenir les liens et les contacts demeure très importante. La plupart restent conscients, en effet, qu’en cas de coups durs en expatriation, c’est malgré tout sur la famille au loin, que l’on pourra toujours compter. Néanmoins, pour faire face au blues de l’expatrié, une certaine distance est nécessaire vis-à-vis d’eux, pour ne pas s’enliser dans un sentiment régressif et mélancolique, qui gênerait les adaptations dans le pays d’accueil. Cela, les expatriés le sentent, et marquent souvent volontairement une distance, une fois qu’ils prennent leurs marques dans leur nouvelle vie. Il ne faut pas oublier aussi que certains choisissent la mobilité internationale inconsciemment, pour échapper à des déterminismes familiaux qui les entravent et font peser sur eux des limitations. Ils ne peuvent, dans ce cas, affronter les défis d’un choc culturel alourdis d’un tribut qu’ils paieraient encore inconsciemment aux leurs. Parmi les Français de l’étranger, ce sont les hommes expatriés qui ressentent certainement à la fois le plus et le moins, le manque de famille en expatriation. 

La sphère professionelle 

La pression professionnelle qu’ils supportent est la principale cause du blues de l’expatrié chez eux. Elle nécessite parfois l’appui des leurs pour s’appuyer sur les valeurs profondes de l’éducation qui les ont structurés, celles qui permettent de « tenir la marée », face aux gros défis, aux grosses remises en question. Néanmoins, ces expatriés français seront aussi les premiers à se méfier des mises en garde des leurs trop pesantes, relatives à leur pays de destination, en les considérant, souvent à juste titre, comme des entraves les retenant d’avancer. La femme expatriée elle, face aux grosses difficultés qu’elle rencontre pour retrouver un travail à l’étranger, aura souvent tendance à tisser un lien plus fort avec ceux qu’elle laisse au pays.

Lien souvent « rétenteur » là encore, car s’il se tisse de nostalgie et de regrets, il peut alimenter le rêve chimérique d’un paradis perdu qui peut prendre corps, à un moment ou un autre, par le désir de revenir en France. Il faut bien être conscient, à cet égard, que l’isolement d’une conjointe d’expat la pousse plus que son conjoint, à céder aux sollicitations de son milieu familial, quand il est hostile au changement et s’est opposé à son départ à l’étranger. De tels liens risquent de l’enchaîner au passé et de creuser le manque affectif et la dépendance. Cela l’empêche de jeter les bases d’une vie concrète et réelle, là où elle a pourtant choisi de vivre. Ainsi donc, le blues de la femme d’expatrié s’alimente aussi d’attachements familiaux problématiques, qui ne permettent pas de trouver sa voie, si les « on te l’avait bien dit » résonnent à ses oreilles. Ils viennent au contraire renforcer le sentiment d’isolement qu’elle éprouve et qui le rendent anxieuse, dans le contexte difficile d’une vie de couple bousculée à l’étranger.

ENTRETENIR LE LIEN

Il n’est que de voir la tristesse et les remords qui s’emparent des expatriés lorsqu’ils ne peuvent rejoindre leur famille, pour comprendre l’importance et l’absolue nécessité de préserver pour eux ce lien. Le blues de l’expatrié se fait plus fort, par exemple, lorsque le coût d’un billet d’avion les empêche de rejoindre leur famille pour exemple, au moment des fêtes, ou pire, lorsqu’ils doivent endurer la perte ou la maladie d’un être cher. Car ce lien familial qui subsiste fait partie de cette zone de confort qu’ils se ménagent et qui les aident, lors d’une baisse de régime, à combattre le blues de l’expatrié. Le temps d’un coup de téléphone ou d’un échange Skype, il leur assure de renouer avec les expériences et les souvenirs qui les ont construits, de retrouver l’usage de leur langue, la joie de certains échanges, des partages culturels communs…

Les moyens de communication modernes, notamment la vidéo avec Skype, permettent aujourd’hui des rendez-vous réguliers avec ses proches, qui démystifient l’idée qu’ils se construisent sur la vraie vie de ceux partis s’expatrier.

Mais tisser un lien aimant et fraternel avec ceux laissés au pays est aussi pour les expatriés, une question de reconnaissance de l’altérité de l’autre. En sachant se passer de leur soutien pour avancer, ou du moins en dosant cet attachement, les expats amorcent une évolution personnelle plus rapide, qui les pousse souvent les premiers à prendre leurs distances (cette situation créant parfois chez ceux restés au pays, le sentiment d’une trahison injustifiée).

Plus que leur famille confrontée au statisme, les Français expatriés ressentent le besoin de détachement qui crée le mouvement et permet d’avancer. C’est donc en se connectant aux leurs, dans le respect de leurs différences, au même titre qu’ils respectent la différence des autochtones du pays qui les accueille, qu’ils entretiennent souvent avec eux les meilleurs rapports.

L’écriture d’une même histoire familiale peut continuer de s’écrire ainsi, même à distance et malgré les années qui passent. Car si tout bouge et tout évolue sans cesse dans la vie de l’expatrié, il en va de même dans la vie de ceux qu’ils laissent derrière lui. Il aura d’ailleurs ainsi souvent la surprise de les retrouver lors des retours, et parfois à plusieurs années de distance, ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait changés… Skype est aujourd’hui un formidable outil pour retrouver le soutien et les repères de sa culture dans sa langue d’origine. Les consultations d’un psychothérapeute français pour expatrié à distance sont, pour cette raison, un moyen privilégié de solutionner des difficultés avec ceux que l’on aimerait voir plus souvent, mais que l’éloignement ne permet plus de toucher. N’hésitez pas à consulter, car la déprime et un mal-être profond qui peut sanctionner les expatriés, même des années après un départ, et en dépit de la réussite personnelle ou de la construction d’un foyer sous d’autres latitudes…